Ayman Moussa est le Président de l’association France Plumfoot qui travaille au développement de la pratique du plumfoot, ce sport atypique venu tout droit de l’Asie du sud-est.

Nous l’avons rencontré afin qu’il nous raconte cette aventure étonnante et nous explique le principe de cette discipline insolite…

Parlez-nous de l’association France Plumfoot 

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Crédits : chezjam.com

L’association France Plumfoot a pour but de développer et promouvoir le plumfoot, tout en aidant les différents joueurs à se rencontrer. L’association existe depuis 8 ans et est née de la fusion d’une association parisienne et d’une association marseillaise.

En plus de son rôle de diffusion, l’association France Plumfoot a pour mission la gestion de l’équipe de France, tant du point de vue de la sélection que des détails pratiques lors de compétitions internationales.

En ce qui concerne la sélection, puisque celle-ci ne peut se faire par les joueurs actifs sans conflit d’intérêt, elle est opérée par l’un des (plus) anciens joueurs français : Cédric Manfredi. Cédric vient aux compétitions régulièrement pour voir le niveau des joueurs et ainsi faire sa sélection. Après 4 année de loyaux services, il nous accompagne une dernière fois cette année puis laissera la place à un autre sélectionneur (qui n’est pas encore déterminé).

Expliquez-nous le principe du Plumfoot 

Ce sport se pratique avec un volant, constitué d’une sorte de croisillon de plumes plantées dans un socle, lui-même contenant une série de disques empilés les uns sur les autres. Ainsi lesté, l’objet est plus lourd qu’un volant de badminton.

La plupart des joueurs débutent le plumfoot par la version dite  » freestyle  » : le but du jeu est alors simplement de s’échanger le volant, en utilisant toutes les parties du corps, en faisant autant de touches que l’on veut, pour essayer de le garder en l’air. Très peu de règles donc. Ce mode de jeu, est pluri-millénaire et se pratique à l’aube et au crépuscule, dans plusieurs villes d’Asie du Sud-Est, quand la chaleur retombe un petit peu.

Beaucoup plus récente (années 60-70), la version  » filet  » se pratique, elle, sur un terrain de badminton (avec un filet légèrement plus haut : 1m60). Le but du jeu est de se renvoyer le volant de part et d’autre du filet avec n’importe quelle partie du corps, sauf les bras, sans jamais le faire tomber par terre ou en dehors du terrain. Les gestes employés sont assez acrobatiques : on décrit parfois le plumfoot comme un mélange de football, de badminton et d’arts martiaux. Il existe trois épreuves : le simple, le double et le triple, la règle de base étant qu’un joueur ne peut pas toucher le volant plus de deux fois à la suite. En double ou en triple, on peut toutefois se faire jusqu’à quatre passes en tout dans l’équipe, ce qui donne à ces deux épreuves une dimension constructive (phases d’attaque et de défense) intéressante.

L’épreuve de simple est assez proche du badminton dans l’intensité de jeu. En double, la possibilité de construire avec son partenaire nous différencie pas mal de la discipline correspondante au badminton, et en triple on retrouve des sensations proches du volley (possibilité d’avoir un contreur, un passeur, un attaquant par exemple).

Ce sport vient de l’Asie du sud-est, principalement du Vietnam (Dacau), comment est-il arrivé en Europe ?

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Crédits : chezjam.com

C’est un sport qui se joue beaucoup en Asie effectivement, dans toute la région du Sud-Est, notamment en Chine, au Cambodge et au Vietnam. Ainsi, de tous temps, les touristes ont dû avoir l’habitude de rencontrer la pratique  » freestyle  » lors de voyage en Extrême-Orient.

L’importation de la pratique  » filet  » est le fait d’un touriste allemand : Peter Von Rüden. Après sa découverte de ce sport en Chine, il a créé le premier club européen. Il est aussi à l’origine de la Fédération Européenne. Ingénieur de formation, il a laissé au bout de quelques années sont métier pour se consacrer entièrement à la promotion du plumfoot : notre communauté lui doit énormément !

Y-a-t-il beaucoup de clubs et de joueurs en France ?

Il y a des joueurs isolés un peu partout, mais les clubs actifs se situent à Paris, Puteaux, Marseille et Dunkerque. Il y a aussi Rennes qui est en train de monter son club. Des rumeurs concernent la création de club à Lyon et Bordeaux … on croise les doigts !

Ainsi, si on compte tous les joueurs, notamment ceux qui font du freestyle, on parle d’une grosse centaine de personnes. Mais si on regarde les gens qui pratiquent sur un terrain avec la version filet, on tombe à 60, et à 40 si on réduit encore à ceux qui font vraiment de la compétition.

Est-ce un sport très physique ? Tout le monde peut y jouer ? 

C’est un sport qui sollicite le physique différemment des autres sports. Il demande beaucoup de souplesse pour les gestes en extension de la jambe. En terme de fatigue physique, c’est comparable au badminton, avec peut-être un peu moins de cardio. Car la possibilité de faire deux touches consécutives ralentit le jeu. Mais les techniques d’attaques (smashs ou dragon, voir le Lexique sur le site de Paris Plumfoot !) sont beaucoup plus énergivore que le smash du badminton ! Même si l’initiation prend un peu de temps (en tous cas plus qu’au badminton ou on peut se dépenser quasiment à la première séance), et il faut attendre quelques séances pour réussir à avoir des échanges prolongés, mais une fois passé ce stade on se prend très rapidement au jeu !

Peut-on devenir joueur professionnel de plumfoot ?

Pas en France : chez nous tous les pratiquants sont amateurs. Une officialisation de notre pratique par la création d’une Fédération permettrait d’aller dans ce sens, mais nous n’en sommes pas encore là, il nous faut plus de membres. Donc venez vous inscrire !

Comment s’organise une saison de plumfoot ?

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Crédits : chezjam.com

On a un championnat national dont le but est de dresser le classement de l’année des joueurs en simple et en double. Il n’y a pas encore de compétition en triple au championnat national (trop peu de joueurs). De même, pour le double, on ne sépare pas les épreuves masculines des féminines : le équipes s’affrontent de manière indifférenciée.

Le championnat se clôt par les phases finales, qui ont lieu en juin. Dans cette ultime compétition s’affrontent grosso modo le top 10 des joueurs de la saison. Pour déterminer ces joueurs, on utilise le classement de trois compétitions égrenées dans l’année. Un joueur qui termine en demi-finale à une de ces compétitions est automatiquement qualifié pour la finale du Championnat de France. S’il reste des places, ce sont les personnes qui ont eu le meilleur classement qui sont qualifiées.

Je précise que la sélection en équipe de France se fait de manière indépendante : le sélectionneur peut bien sûr tirer profit des résultats du championnat national pour affiner son choix, mais il n’est pas tenu de sélectionner le champion de France par exemple, ou même de se restreindre au top 10. La première raison est que la finale du championnat ayant lieu en juin, les compétitions internationales arrivent peu de temps après et il est préférable que l’équipe ait été constituée en amont pour pouvoir s’entraîner. Par ailleurs, Cédric peut aussi vouloir sélectionner des jeunes joueurs prometteurs, qui ne sont pas pas forcément en tête du tableau lors des compétitions nationales, mais qu’il veut encourager.

En dehors de ces rencontres il y a bien sûr les compétitions internationales incluant de nombreux Opens (Allemagne, Hongrie, Italie …), et en particulier l’Open de France qui aura lieu cette année à Chartres le week-end prolongé des 6-7-8 mai.

Le mois dernier avait lieu la première étape du Championnat de France, est ce que vous pouvez nous raconter ?

Niveau organisation, ça a été assez compliqué car il est parfois difficile d’obtenir un gymnase pour une compétition qui sort du mainstream. On s’en est finalement sorti (ça a coûté pas mal d’argent au club de Paris Plumfoot !) en obtenant le gymnase de l’université de Nanterre pour le samedi. Les joueurs sont venus de plusieurs endroits de la France, notamment Rennes et Dunkerque. On avait donc une vingtaine de joueurs pour les doubles et les simples. Malheureusement, aucun joueurs de Marseille n’a pu venir.

Niveau sportif, le premier jour, c’était l’épreuve de double. Un peu en demi-teinte car certains joueurs de très bon niveau n’étaient pas présents (blessures, indisponibilité et tout le vivier marseillais en moins). Donc peut-être un peu moins d’intensité de niveau que ce l’on peut voir à d’autres occasions. La finale opposait des vétérans (François Grignard et moi) à deux jeunots de 20 ans de Puteaux (Etienne Gastineau et Jérémy Godat). Pas mal de tension durant ce match, qui s’est finalement terminé eu deux sets.

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Crédits : chezjam.com

Pour l’épreuve de simple le deuxième jour, le physique est mis à rude épreuve car on part sur les rotules à cause de la veille ! Un outsider venant de Rennes (Binh Nguyen) et qui faisait sa première compétition de simple a surpris tout le monde en se qualifiant en finale. Il n’attaquait pas beaucoup mais avait un très bon positionnement, ce qui lui donnait un profil de jeu assez déroutant. Il a notamment sorti François Grignard en demi-finale, le tenant du titre de l’année dernière ! Je l’ai rencontré en finale après une qualification poussive face à Étienne (toujours le jeunot de Puteaux !) et j’ai dû user de toutes mes ressources pour finalement le vaincre, en trois sets.

Qu’est ce qui vous attend après ?

Il y a les deux autres compétitions qualificatives qui arrivent, celle de Marseille en mars (si ça se confirme) et celle de Dunkerque en avril. Le CA de France Plumfoot a décidé qu’il suffisait d’être qualifié en demi-finale d’une de ces compétitions pour participer aux phases finales pour compenser la difficulté qu’ont certains joueurs à participer à toutes les compétitions. Par exemple, suite à la première compétition de décembre, les joueurs de Marseille sont pénalisés. Nous essayons de faire des compétitions à plusieurs endroits pour que ceux qui ne peuvent pas se déplacer partout puissent avoir au moins une compétition pas trop loin de chez eux.

En marge de ce championnat national, on a une compétition à Canteleu en février (qui va être capitale pour la sélection en équipe de France) et plusieurs compétitions internationales : Open de France en mai, Open de Hongrie en juillet et bien sûr les Championnats du Monde à Hong Kong en juillet.

Un mot pour définir le Plumfoot ?

Le leitmotiv des passionnés de la plume : le plumfoot c’est un état d’esprit !

On souhaite donc à Ayman d’être sélectionné en équipe de France et de continuer à faire connaitre ce sport dont on ne pense que du bien !

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