Nous vous en avions déjà parlé, Maxime Cros participait en octobre dernier à la Diagonale des Fous, ce trail vertigineux de 164km à la Réunion. Son objectif était de finir sa course en moins de 50 heures pour soutenir la Froggies Family, une association qui soutient des projets associatifs au service des enfants défavorisés en Afrique. Grâce au défi RÉUSSI de Maxime, ils vont pouvoir financer la rénovation de crèches à Cape Town (Afrique du Sud) et proposer du matériel pédagogique. Nous avons rencontré Maxime…

Parlez nous un peu de la Froggies Family ?diagonale

La Froggies Family, ce sont uniquement des français qui dégagent beaucoup de leur temps personnel. Ces sont des gens biens et simples. Le principe, c’est « des petits projets pour bien grandir ». C’est une association qui finance les projets en Afrique, surtout en Afrique du sud, mais a terme dans tout le continent. Le véritable enjeu, c’est d’aider les enfants à se développer. La mission de l’association est d’aider les enfants à bien grandir, qu’ils puissent aller à l’école, apprendre des choses, avoir un métier, et permettre à leurs futurs enfants de bien grandir.

Avec la Diagonale des Fous, nous avons soutenu l’association Teach Love Care qui veut améliorer et créer des crèches près de Cape Town, car la crèche est le 1e pas dans l’éducation.
Nous voulons créer les conditions pour que ces gens là se développent, notamment les orphelins, souvent sidaïques. Nous voulons pouvoir leur financer des tenues pour aller l’école, et leur offrir des conditions pour être plus concentrés à l’école.

Comment vous est venu l’idée de courir l’ultra-trail de la Réunion pour la Froggies family ?

J’ai joint l’utile à l’agréable, je l’aurai fait quoiqu’il arrive. Je l’avais déjà fait pour le plaisir, et je rêvais de le refaire. J’ai vécu en Afrique du Sud, et j’étais très investi pour les enfants. C’est moi qui ai mis en relation la Froggies Family avec l’association Teach Love Care. C’était évident pour moi. J’ai vraiment une attache très forte avex mes amis du Cap.

L’année dernière, quel a été votre temps ? L’aviez-vous fait pour la même raison ?

J’ai fait 56 heures l’année dernière. Je l’avais fait Juste pour le plaisir, entre potes. Mais je m’étais fait une entorse à la cheville un mois avant. En plus, je ne m’étais pas vraiment entrainé mais et je ne faisais pas attention à mon alimentation.

Qu’est ce qui a fait que cette année vous avez fait mieux ?

On ne court pas seul, et cette année je suis venu avec ma femme et ma fille. En plus je courrais pour les enfants de Cape Town, ce qui me motivait. Je n’avais pas le droit d’abandonner, pour eux ! Ça a été un boost, car lorsque je me rappelais les conditions de vie de ces enfants, je n’avais plus envie de me plaindre, j’avançais pour eux. Et puis je ne pouvais pas passer pour un con devant ceux qui ont donné dans la collecte !

Quel a été votre entrainement ?

J’ai fait 4 à 5 sorties par semaines depuis le début de l’année. Ça revient en moyenne à 6h de course à pieds, soit entre 50 à 100 km par semaine. Entre les entraînements en fractionné, les courses en côte, les deux ultra-trails que j’ai accomplis cette année, les deux vacances sportives à la montagne, je me suis senti bien entraîné. Niveau alimentation, j’ai arrêté le café, les laitages et l’alcool un mois avant chaque ultra.
Et puis je n’ai pas laissé trainé les petits problèmes physiques, je me suis fais suivre par un ostéopathe et un podologue.

A quoi vous pensiez pour vous donner du courage dans les moments les plus difficiles ?trail

C’est paradoxal, il y a des moments ou tu penses à pleins de trucs, et des moments où tu ne penses plus. C’est comme chez le psy, c’est une véritable thérapie, je pensais à mes problèmes, à ce que je réussis avec ma femme et ma fille, à mon travail, et aussi au
paysage. C’est soit très profond, soit très utile. Parfois c’est le robot qui se met en marche.

Ce qui est important, c’est de chasser les idées noires, sinon ça te tire vers le bas. Il faut garder à l’esprit qu’après un bas, ça remonte. Je recevais en permanence des sms, alors j’éteignais mon portable quand ça allait et le rallumais pour me rebooster quand je me sentais
moins fort, ça me remontait le moral. Mais la plupart des gens qui font des défis comme celui-là entreprennent en faite une sorte de thérapie, on a truc fracassé en nous qu’on cherche à réparer.

Qu’est ce qui a été le plus dur ?

La 2e nuit est compliqué. La 1e c’est l’euphorie du départ, il y a pleins de monde, l’énergie augmente encore quand le jour se lève pour la première fois de la course, il y’a beaucoup de monde au bord des routes. Mais la deuxième nuit est plus dur ! J’ai eu un coup de mou vers 18h pendant la traversée du cirque de Mafate. Je n’arrivais pas à dormir ni à m’alimenter et j’avais très froid. Heureusement des militaires m’ont aidé à me réchauffer m’ont nourri. Le 2e moment dur, c’était pendant la montée du Maïdo au 100e km. Une fois qu’on a passé ce sommet, on a fait le plus dur, on sait qu’on a toutes nos chances d’arriver au bout ! Mais il faut le passer… Je n’avais plus de vêtement secs, j’avais sommeil et froid. J’ai littéralement marché en dormant !

Avez vous failli abandonner ?

Jamais ! Avec la Froggies Family, il m’était impensable d’abandonner. Mais au 75e km, j’ai cru que je n’allais physiquement pas pouvoir continuer. Je tombais de sommeil, je n’avais plus rien de sec, et je n’arrivais plus à m’alimenter. On ne pouvait pas se réchauffer au ravitaillement. J’ai alors vu qu’il y avait des 4-4, et je leur ai demandé de l’aide. Un militaire m’a emmené dans une tente. J’y suis resté 30 minutes, et même si je n’ai pas réussi à dormir, je me suis réchauffé et je me suis senti soutenu.

Après ça, je suis reparti comme en 40 ! C’est là que j’ai beaucoup gagné sur mon temps, car après cette séquence, j’ai couru comme un cabri !
J’ai aussi eu peur de ne pas pouvoir finir à 40km de la fin car j’avais un blocage au genou, je ne pouvais plus courir. Mais on m’a manipulé, et j’ai pu terminer !

Et votre meilleur moment ?

La ligne de départ et les premiers kilomètres, on a des frissons. Il y avait ma femme et ma fille, c’était génial ! Le début du cirque de Mafate est extraordinaire aussi !
Quand on arrive au stade de la Redoute, c’est un moment incroyable. J’ai passé la ligne d’arrivée main dans la main avec ma fille. Ce moment est trop court !
Sur toute la course, on a 90% de plaisir pour 10% de souffrance.

Pendant le sommet du Piton Textor qui fait plus de 3000 mètres d’altitude, il y en a qui, à 4h du matin, t’applaudissent après avoir monté le sommet pendant 3h. Ça donne du courage ! Dans les champs de canne à sucre, on passe près des maisons et les gamins viennent t’encourager et te proposer à manger et à boire. Tous ces moments sont extraordinaires !

Les levés de soleil sont aussi des moments très agréables mais c’est paradoxal car il y a dans ces défis un mélange d’altruisme et d’égoïsme Je me sentais encore plus connecté avec les gens quand j’étais seul, comme perdu. Mais en même temps, je savais qu’il n’y avait que moi qui vivais ce moment. Les belles choses demandent parfois une certaine souffrance pour y accéder. Et au bout du compte, ces levés de soleil étaient bien les miens !

C’est quoi la prochaine étape ?

Je vais préparer pour l’année prochaine le MIUT (Madeira Island Ultra Trail). Aussi, je vais aussi commencer la saison avec la traversée de l’île de Madère au Portugal et le trail au Canaries (Espagne). Vous me retrouverez aussi surement à la Réunion pour la 25e édition de la Diagonale des fous…

Je tente également ma chance pour les inscriptions par tirage au sort. Je vais donc me préinscrire à l’UTMB (montée du Mont Blanc), au Tor des Géants (dans la vallée de l’Aoste, et au Western State Endurance. Ce dernier est moins difficile mais est symboliquement important pour moi, car c’est le plus ancien trail. A l’origine, c’était une course à cheval. Un des participants a vu un jour son cheval se blesser, et loin de se laisser abattre, il a souhaité continuer à pieds. Et il est arrivé dans les premiers ! Pas étonnant quand on sait que l’humain a plus de capacités que les chevaux sur les longues distances !

On lui souhaite beaucoup de courage et de réussite !

AUCUN COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE