La Voix des Cimes, le projet alpin qui dépote – INTERVIEW

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Arthur Lachat et Corentin Mehu, deux jeunes étudiants respectivement à Science Po Grenoble et Centrale Lyon, partiront dans un mois faire un tour du monde des sommets. Leur projet, La Voix des Cimes, est un projet sportif mais aussi journalistique. Le 10 janvier prochain, ils s’envoleront pour huit mois à l’aventure des plus belles montagnes des 5 continents, et à la rencontre des différentes communautés d’alpinistes et de montagnards. Ils réaliseront un défi sportif et humain où le dialogue offrira une dimension très sociale et culturelle. Ils veulent, à travers leur « récit montagnard », représenter la communauté mondiale des alpinistes, et montrer qu’il faut oser l’aventure.

Babasport les a rencontrés…

Qui êtes vous et que faites vous dans la vie ?

Arthur Lachat : Je suis étudiant à Sciences Po Grenoble. J’ai fini ma 3e année, et là je suis en année de césure. Je cherchais pour mon année de césure à rattacher mon projet d’avenir à un voyage, c’est pour ça que j’ai tenté d’entremêler ma passion pour l’alpinisme et mon projet professionnel de communication et de journalisme.

Corentin Mehu : je suis étudiant à l’école d’ingénieur Centrale à Lyon. Il me reste un an, mais je suis aussi en année de césure cette année. Nous sommes tous les deux grenoblois, c’est là-bas que nous nous sommes rencontrés.montagnes

Pourquoi un tel projet ? Comment vous est venue l’idée ?

 Arthur : L’idée de ce projet vient de moi, mais j’ai très rapidement, et à mon plus grand bonheur été rejoint par Corentin. Je voulais faire une année de césure car je n’étais pas sûr de mon orientation, donc je voulais réfléchir. Il s’avère que la communication et le journalisme m’attirent, donc je souhaitais faire un projet en adéquation avec mes envies professionnelles. Je ne voulais pas faire un voyage dénué de sens, il en fallait justement un qui guide le voyage.

Il y a beaucoup de gens qui partent en expédition, mais il c’est surtout souvent pour la performance. Avec La Voix des Cimes, il s’agissait de ramener du social à l’expédition, un sens plus humain. Et comme je me dirige vers une carrière en communication, ça pouvait facilement être mis en application.

Corentin : Je voulais aussi effectuer un tour du monde pendant mon année de césure, je voulais voir différents pays. Mais très rapidement, on s’est dit qu’il fallait montrer l’existence d’une communauté montagnarde. Nous voulons lier entre elles les différentes communautés montagnardes de chaque pays et de chaque culture. Ainsi, en montrant les différences de chacune, nous pourrons aussi mettre en relief les similitudes entres ces personnes ayant la même passion : la montagne.

Que sont les Equipes Jeunes Alpinistes (Fédération Française des Clubs Alpins de Montagnes – FFCAM)?

Corentin : C’est là où nous nous sommes rencontrés. Ces Equipes forment les jeunes à l’autonomie en montagne, et leur propose de passer des diplômes. Nous y avons appris beaucoup. Nous sommes même intéressés pour passer le diplôme de Hautes Montagnes.

Quels sont les atouts de chacun ?

Arthur : J’ai beaucoup d’idées qui fusent un peu dans tous les sens, Corentin est plus posé, il m’aide à structurer mes pensées. D’un point de vue sportif, je suis bon en endurance et en marche, tandis que Corentin a plus de force. On est très complémentaires finalement.

Avez-vous suivi un entrainement particulier ?  

montagnesArthur : Nous ne faisons pas un entrainement très scientifique. On pratique la montagne souvent et depuis très longtemps, donc pour la technique, nous avons un entrainement solide. Depuis deux mois, on prépare rigoureusement notre voyage, et comme nous sommes à Grenoble, nous allons pratiquer la montagne dès que c’est possible. On fait aussi pas mal de course et de l’escalade. Mais nous ne voulons surtout par partir en étant déjà épuisés, donc nous ne faisons pas un entrainement trop violent. Il faut surtout partir avec l’envie d’aller en montagne et l’envie d’avoir froid. Il ne faut pas se dégouter avant de partir !

Corentin : En ce moment, je suis moins libre car je travaille pour gagner des sous pour le projet. Mais je vais courir le plus souvent possible pour gagner en endurance. 3-4 fois par semaine, je cours en m’efforçant de tenir sur la longueur. Et de temps en temps, quand mon emploi du temps me le permet, je vais grimper.

Vous avez dû faire une petite mise au clair quant à votre campagne de crowdfunding, pourquoi ? En quoi ce ne sont pas juste des vacances ?

Arthur : Oui, malheureusement, on a eu quelques retours négatifs, surtout de gens plus âgés, qui ne comprenaient pas vraiment le principe du crowdfunding. Parfois, les gens ne voient pas pourquoi on se fait payer des « vacances ». Mais nous, nous savons que ce ne sont pas des vacances. Il ne s’agit pas juste de partir à l’étranger en touristes. On a vraiment envie de produire un contenu journalistique à offrir aux gens. En plus, beaucoup de gens parlent de leur expédition, mais ne racontent pas comment ils se sont organisé pour partir. Nous, on veut formuler tous les préparatifs afin d’aider les prochains et donner des idées aux suivants.

Corentin : A la différence d’autres projets, on voulait vraiment partir avec toutes les étapes définies, et dans chaque étape on a introduit une dimension différente. Par exemple, en Nouvelle Zélande, on va plus faire des cascades de glace et des speed-randos, et au Pérou, on va se confronter à la très haute altitude. A la fin de notre voyage, on se sépare. Arthur va grimper le Khan Tengri à la frontière entre le Kazakhstan et le Kirghizistan. Moi, je vais effectuer un trek dans le Haut Atlas au Maroc.

C’est donc un projet qui se tient de bout en bout, on va rencontrer des gens et pratiquer la montagne. On va vivre l’alpinisme et produire un contenu participatif. On va également tenter d’introduire des portraits de ceux que l’on va rencontrer, pour montrer les différentes cultures de l’alpinisme, afin de proposer une mosaïque de portraits culturels.

De quoi avez-vous le plus peur pendant votre voyage ? Et le Mont qui vous fait le plus peur ?

Corentin : Ce qui me fait peur, c’est de ne pas réussir à établir un contact avec les montagnards que nous voulons rencontrer. J’espère vraiment que les personnes avec qui nous avons pris contact avant pour les rencontrer seront au rendez-vous. Ensuite, il n’y a pas un sommet qui me fait peur en particulier, mais ce que je crains plus, c’est de faire le sommet de trop. De ne pas écouter nos corps, et de monter machinalement, même si on est fatigué, ou même si on ne le sent pas. On se mettrait vraiment en danger. Mais si on est préparé, il n’y a pas de sommet qui doit faire peur, c’est plus à la répétition et à l’habitude qu’il faut faire attention.

Arthur : J’ai parfois la peur de ne pas pouvoir, malgré nous, aller au bout de notre voyage.montagnes Aller au bout physiquement si l’un de nous se blesse, mais aussi aller au bout du sens, de ce que nous nous étions fixés comme objectif journalistique. Comme Corentin, je redoute un peu que nous ne puissions pas rencontrer autant de gens que nous l’espérerions. D’autant que beaucoup de gens nous ont aidé et nous font confiance, notamment avec la campagne de crowdfunding, donc nous leur sommes redevables de ce « récit montagnard ».

Le mont qui me fait le plus peur, c’est le Khan Tengri, le dernier du voyage. Il fait 7000 mètres de haut, et je ne sais pas comment mon corps va réagir à une si haute altitude. Pendant la phase de préparation, il m’est arrivé de me réveiller la nuit en y pensant. Pour le reste, je serai avec Corentin et partir à deux, ça rassure beaucoup, on sait qu’on va se soutenir.

Que vous reste-t-il encore à boucler avant le grand départ le 10 janvier prochain ?

 Arthur : Il nous faut encore faire les derniers achats de matériels, Corentin tente d’obtenir la détaxe sur les impôts, ce qui nous aiderait à payer nos dernières fournitures. Il manque aussi encore quelques petits détails bureaucratiques comme certains visas. Mais globalement, tout est près dans les grandes lignes. On est aussi en attente de réponse pour des bourses expédition. Durant ce dernier mois, on va surtout commencer les contreparties pour ceux qui ont participer à notre campagne de crowdfunding. On va tous les faire signer sur une banderole qu’on emportera partout. 

Quelque chose à ajouter ?

Corentin : Si y’a des gens intéressés par notre projets, et s’ils veulent nous rencontrer, il ne faut pas hésiter ! Sur le blog, vous pouvez prendre contact avec nous, et même si certains veulent nous rejoindre sur place, c’est possible ! On cherche aussi toujours des sponsors, s’il y’en a qui s’intéressent à notre projet…

Arthur : nous voudrions surtout inspirer des gens, leur donner une certaine idée de l’aventure, et les pousser à oser l’aventure !

Si vous souhaitez soutenir le projet d’Arthur et Corentin, rendez-vous sur la page de leur campagne de crowdfunding ulule.

Nous leur souhaitons beaucoup de courage pour cet incroyable projet !

 

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